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05 02 2025

Webinaire - La RSE par ceux qui la pratiquent

Un webinaire de la Chambre de Commerce et d'Industrie

Sujet incontournable pour de nombreuses entreprises, la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) intrigue autant qu’elle attire.

Pour éclairer et échanger, les CCI de Normandie ont invité Bong à participer à un webinaire dédié ! C’était l’occasion de témoigner de son expérience dans ce domaine.

Au programme :
✅ Les motivations et engagements des entreprises
✅ Leur démarche : cheminement et mise en œuvre
✅ Focus sur les actions concrètes
✅ Ce qu’ils en retirent

Vous avez manqué l’événement ? Retrouvez le témoignage de Bong ⬇️

De quoi parle t-on ?

Judith Lothon, responsable RSE chez BONG, durant son témoignage, revient sur l’élément déclencheur de la démarche, cite un exemple concret de projet d’innovation pour lequel la RSE est moteur, évoque les impacts en terme environnemental, économique et social et explique le rôle de la RSE pour l’avenir de Bong.

L'interview de Bong par la CCI

Décrivez nous votre entreprise, que faites-vous précisément, où est-elle implantée ?

Bong est un groupe suédois présent dans 13 pays d’Europe. Son activité est la transformation de papier en emballage léger. Son métier historique est la fabrication d’enveloppes mais depuis plusieurs années, l’entreprise a évolué vers la fabrication de pochettes cadeau, sacs à anses et pochettes e-commerce. Le groupe compte 2 usines en France dont une en Normandie près d’Evreux, à Saint-Sébastien de Morsent qui est quasiment dédiée à ces nouveaux produits. Elle compte 200 salariés sur ce site.

L’entreprise compte une grande diversité de clients, la petite boutique indépendante à de grandes chaines de magasins internationales (dans l’habillement, la cosmétique, le sport…) en passant par les e-logisticiens, les sites de vente en ligne mais aussi des administrations ou toute entreprise ayant besoin d’enveloppes avec son logo.

Vous menez une démarche RSE qui s’étoffe régulièrement depuis quelques années, pouvez-vous nous dire quel en a été l’élément déclencheur en 2019 ?

La démarche chez Bong a été impulsée par l’un de nos clients, un équipementier sportif international. A cette époque, nous avons su le convaincre de travailler avec Bong en étant capable d’innover pour fabriquer les pochettes d’expédition en papier qui répondaient à ses critères. Ce client a apprécié nos capacités d’écoute et d’adaptation à ses besoins.

Mais rapidement, il nous a fait comprendre que pour rester son fournisseur, il allait falloir que Bong démontre un réel engagement RSE. Nous avons alors compris que nos certifications ISO 9001, 14001, FSC, PEFC, NF, Imprim’vert… ne suffiraient pas. Nous avons initié une démarche RSE avec une volonté d’avancer pas à pas, de « faire notre part » tel le colibri. Puis d’autres clients ont également exprimé leurs attentes vis-à-vis de Bong, notamment en réclamant l’empreinte carbone des produits que nous fabriquions. L’accélération des prises de conscience, la flambée des prix de l’énergie en 2021… nous ont finalement pousser à accélérer notre transition.

Donc c’est vraiment poussé par nos clients, essentiellement du Retail, que nous avons débuté cette démarche.

Quelle a été votre démarche vis-à-vis de ce challenge ? quelles ont été les étapes ? sur quoi avez-vous du vous pencher ?

Les démarches ont été nombreuses…

Nous avons défini une politique RSE pour les années suivantes avec une volonté d’impliquer l’ensemble des salariés, avons eu l’opportunité de bénéficier de l’aide de BPI France pour faire un diagnostic Décarbon’Action afin de calculer notre bilan carbone…

Mais peut-être vais-je plutôt citer un exemple concret qui sera plus parlant :

L’un de nos gros clients, marque européenne de textile présente dans le monde entier, à qui nous vendions des pochettes cadeau et pochettes e-commerce a remis en question fin 2022 notre collaboration si nous n’étions pas capables d’apporter un avantage concurrentiel en terme de RSE aux pochettes d’expédition que nous leur fournissions alors.

Nous avons alors réagi en constituant un groupe de travail pour concevoir avec ce client la gamme de pochettes e-commerce répondant à ses attentes. Nous avons étudié tout le cycle de vie du produit pour réduire à chaque étape son empreinte carbone.

Tout d’abord, le papier sélectionné était important. Le fournisseur de papier pour ce produit est parmi ceux ayant l’un des facteurs d’émission le moins élevé du marché (parce qu’il produit sa propre pulpe mais aussi parce qu’il est équipé en cogénération). Et parce que le papier est transporté sur 70% du trajet jusqu’à notre usine en train.

Et surtout, nous avons créé un nouveau design de produit qui a permis de réduire de 8% à 2% la consommation de matière première papier. Quand on sait que le papier représente la part la plus importante des émissions de notre produit, 6 points de moins a une incidence non négligeable. Moins de gâche papier, c’est moins d’émission de CO2 mais aussi une économie.

Nous avons travaillé dès le départ avec une société d’ingénierie pour qu’elle développe une machine capable de réaliser ce nouveau design de pochette. Nous avons adopté une stratégie qui était d’investir dans des machines simples, avec peu d’électronique, ce qui implique une obsolescence moindre et une consommation énergétique faible. Notre partenaire a réussi à remplir ce cahier des charges. La consommation électrique a été scrutée de près. La source d’économie se situe au niveau de l’évacuation des découpes de papier ; désormais faite par gravité plutôt que par aspiration.

Ces machines simples ont un coût limité par rapport à des machines très élaborées. Ce qui nous permet d’investir sur une machine par format de pochette. Ainsi, nous ne modifions pas les réglages de la machine et limitons nettement la gâche papier liée au changement de format. Ceci nous permet d’être plus efficient, plus productif.

Mais ceci donne aussi plus d’autonomie aux conducteurs de ces machines. Nous limitons ainsi les problématiques de recrutement de régleurs, des perles rares désormais. Ce sont les conducteurs qui montent en compétence, gèrent leur machine en toute autonomie. On apporte plus de valeurs à leur fonction, c’est une prise de responsabilités accrue.

Nous imprimons les pochettes d’expédition avec des encres à l’eau, et utilisons des colles sans solvant, pour qu’en fin de vie, le produit reste entièrement recyclable.

Enfin, nous avons optimisé le transport en proposant à notre client un conditionnement en vrac sur des palettes container. Cela représente une économie de carton mais permet aussi d’augmenter nettement le nombre de produits par palette et donc par camion. Moins de matière première, moins de camions circulant sur les routes, ce sont à la fois des économies et une réduction d’impact carbone.

Quels ont été les résultats sur le plan environnemental, économique, voire autre ?

Le premier résultat sur cet exemple précis c’est que notre client satisfait de la solution apportée nous a renouvelé sa confiance et nous commande aujourd’hui 25 millions de ces pochettes e-commerce par an.

Mais il faut aussi savoir que ce produit reste l’un des moins coûteux du marché. Les clients ont beau vouloir réduire leur empreinte environnementale, le coût des produits reste l’élément primordial de la décision d’achat.

C’est un produit que l’on propose désormais à d’autres clients. Et si on le compare sur le plan environnemental, à une pochette d’expédition traditionnelle 3 soufflets, cela représente une réduction d’émissions carbone de 10 à 15 %, uniquement pour l’opération de transformation, c’est-à-dire sans compter la part papier et le transport.

Ce nouveau concept vous a-t-il permis de rebondir économiquement, auprès d’autres clients ?

C’est effectivement une gamme que nous avons désormais en stock pour la vendre à d’autres clients. Les formats ont été décidés par cette marque internationale de l’habillement. Si cette gamme est parfaitement adaptée pour l’envoi de ses vêtements, nous estimons qu’elle peut également intéresser d’autres enseignes du textile français et européen. D’ailleurs des marques telles que All Tricks, une filiale de Decathlon, ou The North Face montrent leur intérêt.

L’éco-conception de vos produits est un axe majeur de votre engagement RSE, mais qui dit RSE dit engagement également sur le plan humain. Pouvez-vous nous donner un ou deux exemples de réalisations qui intègrent le bien-être ou l’évolution personnelle de vos équipes ?

C’est un aspect que nous ne voulions surtout pas délaisser. Quand nous avons défini notre politique RSE, il nous a paru primordial que cette démarche implique tous les salariés et pour cela, nous voulions montrer que la RSE était aussi synonyme de bien-être au travail, de bonnes conditions de vie et de sens donné au travail.

Le premier projet a été la création d’un potager d’entreprise en permaculture. Nous avons fait appel à un jeune couple de maraichers en agroécologie, implantés sur une ferme dans l’Eure pour nous aider à faire vivre ce projet. Spécialisés en maraîchage sur sol vivant, ils ont enseigné aux salariés Bong comment créer un potager sain et productif en ménageant ses efforts et en les sensibilisant à la biodiversité. Tous les salariés ayant participé à l’une de ces demi-journées ont été invités à récolter ensuite les fruits et légumes produits.

En 2024, nous avons souhaité élargir ce projet à d’autres activités sans se limiter au jardinage. Nous avons alors proposé à l’ensemble du personnel une opération que nous avons nommé ‘Une journée pour apprendre ». L’idée était de proposer une journée de formation dans l’année, à chaque salarié, mais en ouvrant les perspectives, sans restreindre à des formations métiers.

Que ces journées permettent aussi bien de se former sur le logiciel Excel que de découvrir l’impression 3D ou de participer à un atelier photo. Certains autres ont aménagé le cadre de l’usine en fabricant une pergola pour offrir un lieu de déjeuner extérieur en été, ou en créant du mobilier extérieur en bois de palette.

Nous avons autant que possible utilisé les talents disponibles en interne. Certains salariés experts en photos ou impression 3D ont dispensé leurs savoirs à leurs collègues. Nous avons aussi fait intervenir la LPO pour sensibiliser à la biodiversité locale et le professeur d’un lycée horticole pour créer un parterre de fleurs en vivaces.

En conclusion, quel rôle a joué la RSE dans le développement de Bong, et comment voyez-vous l’avenir ?

Au début, nous nous sommes lancés, poussés par nos clients. Et rapidement, on s’est rendu compte que la RSE est en réalité un véritable axe de développement. Elle offre des perspectives. Elle a également fait évoluer l’image de notre entreprise. On ressent par exemple parmi les personnes qui postulent chez Bong que l’axe RSE est quelque chose qui attire. Nos engagements sont donc également un attrait pour le recrutement.

Pourtant, aujourd’hui, la démarche reste gérée en parallèle du système de management ISO de l’entreprise. Nous avons récemment décidé de la réintégrer au plan stratégique de l’entreprise pour qu’elle demeure durablement une priorité pour tous les services et qu’elle reste moteur de l’ensemble des projets à venir.