Un podcast pour booster la transition écologique des entreprises !
Le Dôme, tiers-lieu situé à Dreux, accompagne les entreprises engagées dans la transition bas carbone en multipliant les rencontres, que ce soit entre entrepreneurs éco-responsables, start-ups ou acteurs institutionnels du territoire, pour accélérer la mutation du bassin et créer des synergies.
C’est une démarche soutenue par l’ADEME, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, à laquelle Bong a eu l’occasion de prendre part.
De quoi parle t-on aujourd'hui ?
Judith, responsable RSE chez BONG évoque comment la démarche de transition bas carbone a été initiée dans l’entreprise. Elle explique que même si l’usine est une forte consommatrice d’énergie, il est possible de réduire son impact, des leviers existent. Quand la volonté est là, on peut les actionner.
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Pouvez-vous commencer par nous parler de l’entreprise que vous représentez ?
Bong est un groupe suédois présent dans 15 pays d’Europe et dont l’activité est la transformation de papier en emballage léger. Si son cœur de métier est la fabrication d’enveloppes, depuis plusieurs années, l’entreprise a évolué vers les pochettes cadeaux, sacs à anses et pochettes e-commerce. Sur les deux usines françaises, celle d’Evreux est quasiment dédiée à ces nouveaux produits.
Notre offre de produits s’adapte à une grande variété de clients de la boutique indépendante aux grandes chaines de magasins présentes dans le monde entier (dans l’habillement, la cosmétique, le sport…) en passant par les e-logisticiens, sites de vente en ligne, mais aussi des administrations ou tout entreprise ayant besoin de courrier à son logo.
Vous avez initié la démarche de transition bas carbone au sein de l’entreprise Bong. Pourquoi cette volonté et comment avez-vous réussi à convaincre vos dirigeants ?
Je ne pense pas que l’on puisse dire que ce soit moi qui ai initié la démarche dans le sens où Bong n’est pas novice dans le domaine : nous avons plusieurs certifications depuis de nombreuses années dont certaines ont un impact direct sur notre empreinte carbone (Imprim’Vert, NF Environnement, ISO 14001…). Pour autant, il manquait peut-être une prise de conscience de l’intérêt pour tous à s’y mettre. C’était plus contraint que souhaité.
Je crois que ce sont nos clients européens qui sont réellement à l’origine d’une démarche plus ambitieuse dans le sens où certains ont su nous expliquer leurs attentes vis-à-vis de Bong. Nous avons ainsi rapidement compris que le partenariat que nous souhaitions établir sur le long terme avec certains clients reposait sur notre capacité à nous engager dans cette démarche de réduction de notre empreinte carbone. Nous avons par exemple de plus en plus de clients qui nous demandent l’empreinte carbone des produits qu’ils nous achètent.
Initialement, l’idée était d’avancer dans cette démarche pas à pas, qu’elle soit une évolution et non d’une révolution. Mais l’accélération des événements climatiques et les prises de conscience que ça génère ou la flambée des prix de l’énergie que nous connaissons aujourd’hui, nous pousse à accélérer cette transition.
Vous avez donc commencé à établir votre bilan carbone. Où en êtes-vous ? Quelles sont les premières solutions qui s’ouvrent à l’entreprise et quels sont les freins mis en avant ?
Actuellement, nous sommes dans la partie plutôt laborieuse du projet qui consiste à collecter toutes les données nécessaires. Ceci étant l’équipe en charge de cette collecte est très motivée et montre un enthousiasme fort pour la suite.
Pour ce qui est des premières solutions… Nous savons d’ores et déjà que le poste le plus générateur d’émissions carbone dans notre activité c’est le papier. Nous aurons donc besoin de travailler sur nos achats avec nos fournisseurs de papier pour réduire notre empreinte carbone.
Nous devrons aussi mener une vraie réflexion sur la gâche papier. Nous avons déjà développé une machine capable de ne pas produire de déchet papier durant le process de fabrication.
Pour ce qui est des freins, évidemment, cela pourra être la composante économique. On ne remplace pas des produits plastique par des produits en papier au même prix ou des produits avec une finition manuelle en Asie par des produits automatisés sans contrepartie.
BONG, en tant que transformateur de papier, est un gros consommateur d’énergie. En plus de mener son bilan carbone, l’entreprise a pour objectif de réduire de 50 % sa consommation. Quels sont les leviers disponibles pour mener à bien cet objectif ?
Nous n’avons pas voulu attendre de finaliser le bilan carbone pour mettre en place un plan de réduction de consommation d’énergie. La flambée des coûts de l’énergie nous l’impose. Cela consiste à réduire drastiquement nos consommations sans pour autant réduire nos productions.
Un groupe de travail a été constitué, composé d’une dizaine de personnes, essentiellement des leaders. Avec un objectif de réduction si ambitieux, il nous a fallu repartir d’une feuille blanche et remettre en question tous nos process de fabrication. Nous avons mené la réflexion en se disant que si nous devions construire une usine aujourd’hui, moins consommatrice, que ferions-nous ?
En parallèle, nous avons mesuré nos consommations globales puis machine par machine afin d’identifier les leviers possibles.
Nous prévoyons également des investissements. Par exemple, certaines machines d’impression très performantes et donc très consommatrices d’énergie auront une alternative plus restreinte en terme de performance mais aussi de consommation pour des impressions plus en adéquation avec les demandes des clients.
Après 3 à 4 mois de travail, nous sommes arrivés à une réduction prévue de nos consommations de 30% au 1er janvier 2023 par rapport à 2022. Et nous continuons à réfléchir à d’autres pistes pour atteindre les 50%.
Il s’agit de réduire également notre dépendance énergétique et nous étudions également la possibilité de produire notre propre énergie en investissant dans des panneaux solaires.
Bien sûr, les méthodes de fonctionnement de l’usine vont se trouver modifiées et c’est donc l’ensemble du personnel qui doit être impliqué. La sensibilisation des salariés fait donc partie intégrante de ce projet de réduction.
Le monde du papier connaît une crise sans précédent depuis plusieurs mois. Comment s’en sort BONG et comment l’entreprise peut-elle l’affronter tout en poursuivant sa démarche face aux enjeux climatiques ?
Le monde du papier est en crise, sans conteste mais ce sont surtout les petits papetiers qui souffrent de la crise énergétique. Certains suspendent même leur production. Mais les gros papetiers qui ont investis par exemple dans des centrales à biomasse sont moins dépendant d’un point de vue énergétique et s’en sortent donc mieux.
L’augmentation des coûts du papier est un facteur auquel il faut faire face. Nous n’avons malheureusement pas d’autre solution que de répercuter ces hausses à nos clients.
Mais le papier est une matière noble et de plus en plus de consommateur s’en rendent compte. Il provient d’une source renouvelable, le bois. Si l’on respecte un usage raisonné. C’est pour cela que Bong s’astreint à ne s’approvisionner qu’en papier certifié provenant de forêts gérées durablement certifiées FSC ou PEFC. Et il est surtout recyclable avec une filière de recyclage probablement la plus aboutie des matières.
Et le papier, même s’il souffre, nous offre par ailleurs de vraies opportunités. Dans ce monde changeant, il faut savoir les saisir rapidement et s’adapter très vite.
Ce qui est sans précédent c’est certainement la rapidité avec laquelle l’environnement dans lequel on évolue, change.
Les enjeux climatiques poussent également certains de nos clients à relocaliser leurs approvisionnements jusqu’alors réalisés en Asie vers des producteurs européens. Bong a ainsi signé un accord de 4 ans avec un client européen dans la cosmétique pour le fournir en produits qu’il achetait auparavant en Chine. Ceci est passé par un investissement dans 3 lignes de production dédiées à ce client, qui fournissent du travail à une vingtaine de personnes.